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pas : l’éclat de son bouclier est terrible. Les fils d’Érin l’aperçoivent dans l’éloignement ; ils tremblent dans leurs âmes : ils comprennent que le courroux du roi s’est allumé ; ils prévoient leur mort. Nous arrivâmes les premiers et nous combattîmes. Les chefs d’Érin soutinrent notre fureur ; mais, quand arriva le roi dans l’impétuosité de sa course, quel cœur d’acier eût pu résister ? Les guerriers d’Érin fuient sur Moi-lena ; la mort poursuit leur fuite. Nous trouvâmes Oscar sur son bouclier ; nous vîmes son sang autour de lui. Le silence consterne tous les visages ; chacun tourne le dos et pleure. Le roi s’efforce de cacher ses larmes : le vent siffle dans sa barbe grise ; il penche la tête sur le héros, et ses paroles sont entrecoupées de soupirs.

« Et tu tombes, ô Oscar ! au milieu de ta course ! Le cœur d’un vieillard palpite sur toi ! Il voit les batailles qui t’attendaient ! tes batailles à venir, il les voit ! mais elles sont enlevées à ta renommée. Quand la joie habitera-t-elle dans Selma ? quand la douleur s’éloignera-t-elle de Morven ? Mes fils tombent l’un après l’autre : Fingal est le dernier de sa race. Ma gloire commence à s’éclipser ; ma vieillesse sera sans amis ; je resterai dans mon palais, comme un nuage obscur, et je n’entendrai pas le retour d’un fils au bruit retentissant de ses armes. Pleurez, héros de Morven, Oscar ne se relèvera plus ! »

Et ils le pleurèrent, ô Fingal ! le héros était cher à leur cœur. Il allait au combat, l’ennemi disparaissait. Il revenait avec la paix au milieu de leur joie. Nul père ne pleura son fils tué dans sa jeunesse ; nul frère, le frère de son amour : ils périrent sans être pleurés, car le chef du peuple était tombé ! Bran hurle à ses pieds, le noir Luath est triste ; car souvent il les avait conduits à la chasse des cerfs bondissants du désert.

Quand Oscar vit ses amis autour de lui, sa poi-