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en brûle de colère. Il tombera sur la plaine de Lena et ma gloire se lèvera dans le sang. »

La joie brillait sur tous leurs visages ; ils se répandent sur la plaine de Lena et la fête des coupes est préparée. Les chants des bardes s’élèvent. Les chefs de Selma entendirent leurs réjouissances. Nous crûmes que le puissant Cathmor s’avançait, Cathmor l’ami des étrangers, le frère de Cairbar aux cheveux roux. Leurs âmes n’étaient pas semblables. La lumière du ciel habitait l’âme de Cathmor. Ses tours s’élevaient sur les rives d’Atha : sept sentiers conduisaient à son palais. Sept chefs se tenaient sur les sentiers et conviaient l’étranger à ses fêtes. Mais Cathmor demeurait dans les bois pour fuir la voix de la louange !

Olla vint avec ses chants. Oscar se rendit à la fête de Cairbar. Trois cents guerriers s’avancent sur la plaine murmurante de Lena ; les chiens gris bondissent sur la bruyère et l’on entend leurs hurlements au loin. Fingal vit partir le héros : l’âme du roi s’attrista ; il redoutait les sinistres pensées de Cairbar, même au milieu de la fête des coupes.

Mon fils portait la lance de Cormac. Cent bardes en chantant vinrent au devant de lui. Cairbar cachait sous un sourire la mort qu’il méditait dans l’ombre de son âme. Le festin est étalé ; les coupes résonnent. La joie éclaire le visage des guerriers ; mais c’est le rayon mourant du soleil quand il est près de cacher sa tête ardente dans la tempête.

Cairbar se lève en armes. Les ténèbres s’amassent sur son front. Les cent harpes se taisent à la fois. Le bruit des boucliers se fait entendre[1] ; Olla, dans

  1. Quand un chef avait pris la résolution de faire mourir quelqu’un qu’il tenait en son pouvoir, c’était l’usage de lui signifier son arrêt de mort, en frappant sur un bouclier avec le bout d’une lance sans pointe, tandis qu’un barde chantait dans l’éloignement le chant de mort.