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réjouir et son bras en devenir plus puissant sur nos terres. Vous êtes braves, ô guerriers, vous êtes des tempêtes dans la guerre ! Vous êtes semblables aux ouragans qui sans crainte rencontrent les rochers et déracinent les forêts. Mais avançons lentement et en force, comme un nuage ramassé ! Alors tremblera le puissant ; la lance tombera de la main du vaillant. Nous voyons, diront-ils, le nuage de la mort, tandis que des ombres passeront sur leurs visages. Fingal se désolera dans sa vieillesse, il verra s’envoler sa renommée. On ne verra plus à Morven les pieds de ses héros et la mousse des années croîtra dans Selma. »

Cairbar, en silence, écoutait leurs paroles, semblable à la nue orageuse qui s’arrête sombre sur le Cromla jusqu’à ce que les éclairs jaillissent de ses flancs : la flamme du ciel éclaire la vallée et les esprits de la tempête se réjouissent. Tel se tenait silencieux le roi de Témora ; il laisse enfin tomber ces mots :

« Qu’on prépare une fête sur la plaine de Lena. Que mes cent bardes s’y rendent. Toi, Olla aux cheveux roux, prends la harpe du roi. Va trouver Oscar, chef des épées, et invite-le à notre festin. Aujourd’hui, nous fêtons, nous écoutons les chants : demain, nous briserons les lances ! Dis-lui que j’ai fait élever la tombe de Cathol ; que mes bardes ont donné aux vents l’ombre de son ami. Dis-lui que Cairbar a entendu parler de ses exploits sur les rives retentissantes du Carun. Cathmor mon frère n’est point ici ; il n’est point ici avec ses milliers, et nous sommes faibles en nombre. Cathmor est un ennemi de toute querelle au milieu des festins ! Son âme est brillante comme ce soleil ! Mais il faut, chefs de la verte Témora, que Cairbar combatte Oscar ! Que n’a-t-il pas dit sur la mort de Cathol ? Cairbar