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la chasse, bien loin dans le désert. Les chefs aux clieveux gris parlaient des autres temps et des actions de leur jeunesse, lorsqu’entra le vieux Nartmor, le chef des rives du Lora.

« Ce n’est point ici le temps, dit-il, d’écouter les chants des autres années : Erragon, menaçant, est sur la côte et lève dix mille épées. Sombre est le roi au milieu de ses chefs ! Il ressemble à la lune obscurcie au milieu des météores de la nuit, quand ils voguent près d’elle sur les nuées et qu’ils versent les clartés qui manquent à son orbe. »

« Sors de ta demeure, s’écria Fingal, sors, ô fille de mon amour ! Sors de ta demeure, Bosmina, jeune fille des torrents de Morven ! Nartmor, prends les coursiers de l’étranger et accompagne la fille de Fingal ! Qu’elle invite le roi de Sora à notre fête, dans les murs ombragés de Selma. Offre-lui, Bosmina, la paix des héros et les richesses du généreux Aldo. Nos jeunes guerriers sont éloignés et la vieillesse est sur nos mains tremblantes ! »

Elle vint à l’armée d’Erragon, comme vient à un nuage un rayon de lumière. Dans sa main droite on voyait une coupe étincelante, signe joyeux de la paix ; et dans sa main gauche une flèche d’or, signe de la guerre. Erragon brilla à son aspect, comme un rocher aux rayons subits du soleil, quand ils sortent d’un nuage brisé qu’ont déchiré les vents impétueux !

« Fils de la distante Sora, lui dit la douce et rougissante jeune fille, viens à la fête du roi de Morven, viens dans les murs ombragés de Selina. Accepte la paix des héros, ô guerrier, et laisse ta sondjre épée dormir à ton côté ! Préfères-tu les richesses des rois ? Écoute alors ces paroles du généreux Aldo. Il donne à Erragon cent coursiers, les fils dociles des rênes ; cent vierges venues des lointaines contrées ; cent faucons dont les ailes agitées volent à travers le ciel.