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sont couvertes de mousse, et se présentèrent à Fingal le roi des lances.

« Aldo au cœur d’orgueil, lui dit Fingal, se levant en fureur ; dois-je te défendre contre la rage du roi injurié de Sora ? Qui voudra désormais recevoir mes guerriers dans ses palais ? Qui les invitera aux fêtes de rétranger, puisque Aldo, cette âme petite, a déshonoré mon nom dans Sora ? Retire-toi sur tes collines, homme à la main débile ; va te cacher dans tes cavernes ! Déplorable est la guerre que nous allons engager avec le sombre roi de Sora. Esprit du noble Trenmor, quand donc Fingal cessera-t-il de combattre ? Je suis né au milieu des batailles[1] et, jusqu’à la tombe, je dois marcher dans le sang ! Mais mon bras du moins n’a point outragé l’impuissant, et mon glaive n’a point touché le faible dans les armes. Je vois, ô Morven, les tempêtes qui doivent renverser mon palais, quand mes enfants seront morts dans les combats et qu’il ne restera personne pour habiter Selma ! Les faibles viendront alors, mais ils ne connaîtront point ma tombe. Ma renommée ne vivra que dans les chants, et mes actions seront comme un rêve pour les siècles futurs ! »

Les guerriers d’Erragon se rassemblèrent près de lui, comme les tempêtes autour du fantôme de la nuit, quand il les appelle du sommet de Morven et qu’il se prépare à les verser sur la terre de l’étranger. Erragon descendit sur le rivage de Cona. Il envoya son barde à Fingal pour lui demander le combat des milliers ou la terre des nombreuses collines ! Le roi était assis dans son palais, entouré des amis de sa jeunesse. Les jeunes guenners étaient à

  1. Le jour où naquit Fingal, Comhal son père fut tué dans un combat contre la tribu de Morni ; aussi Fingal peut-il dire avec raison qu’il est né au milieu des batailles.