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sommet, quatre pierres couvertes de mousse s’élèvent au milieu de l’herbe flétrie ; deux arbres, que l’orage a penchés, étendent à l’entour leurs branches gémissantes. C’est là qu’est ta demeure, Erragon, c’est là qu’est ton étroite maison ! Depuis longtemps le bruit de tes coupes est oublié dans Sora. Dans ton palais ton bouclier est devenu noir. Erragon, roi des vaisseaux, chef de la lointaine Sora, comment es-tu tombé sur nos montagnes ? Comment le puissant a-t-il sucombé ?

Fils de la secrète cellule, te plais-tu dans les chants ? Écoute la bataille de Lora. Le bruit des armes a cessé depuis longtemps. Ainsi sur les monts obscurcis la foudre gronde et n’est plus. Le soleil jevient avec le calme de ses rayons : les rochers étincelants et les vertes têtes des montagnes sourient.

Des vagues roulantes d’Érin, la baie de Cona reçut nos vaisseaux.[1] Nos blanches voiles pendaient détachées aux mâts et les vents impétueux rugissaient derrière les forêts de Morven. Le cor du roi résonne ; les cerfs tressaillent et bondissent de leurs rochers. Nos flèches volent dans les bois. La fête de la colline est préparée. Sur nos rochers notre joie était grande, car nous avions vaincu le terrible Swaran. À notre fête deux héros furent oubliés.

  1. Si nous n’avions craint de manquer aux lois d’une exactitude scrupuleuse, nous aurions pu offrir de ces lignes du texte : « The bay of cona received our ships from Erin’s rolling waves. » une version plus française et peut-être meilleure, en les traduisant ainsi : « Des vagues roulantes d’Érin nos vaisseaux descendirent dans la baie de Cona. » Mais notre fidélité à l’original nous a fait un devoir de rester dans le mot à mot tant qu’il a été possible et de sacrifier à une version plus littérale, une tournure plus conforme à l’esprit de notre langue. Ce sacrifice, nous l’avons fait bien souvent dans le cours de cette traduction.