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saient sur leurs harpes, et le sommeil autour d’eux descendit doucement. Le fils de Semo était seul éveillé, et son âme méditait sur la guerre. Les chênes embrasés commencent à s’éteindre ; une faible lueur rouge se joue à l’entour ; une voix faible se fait entendre. L’ombre de Calmar parut ; obscurément elle cheminait le long de cette lumière. Livide est la blessure de son flanc ; ses cheveux sont épars et flottent en désordre ; la joie s’assied pâle sur son visage, et il semble inviter Cuthullin à sa caverne.

« Fils de la nuageuse nuit, dit le chef d’Érin en se levant ; ombre du noble Calmar, pourquoi penches-tu tes yeux sombes sur moi ? Voudrais-tu m’effrayer, ô fils de Matha ! et me détourner des combats de Cormac ? Ta main n’était pas faible dans la guerre, et ta voix n’était point pour la paix. Que tu es changé, chef de Lara, si maintenant tu me conseilles de fuir ! Mais je n’ai jamais fui, ô Calmar ! je n’ai jamais craint les fantômes de la nuit. Borné est leur savoir, débiles sont leurs mains ; leur demeure est dans les vents. Mais mon âme grandit dans le danger et se réjouit dans le bruit de l’acier. Retire-toi à ta caverne, tu n’es point l’ombre de Calmar ! Il se plaisait dans les combats, et son bras était semblable à la fouche du ciel ! » Avec joie le fantôme se retira sur sa brise, car il avait entendu la voix de ses louanges.

Le faible rayon du matin se lève, et le bruit du bouclier de Caithbat se répand au loin. Les guerriers de la verte Érin s’assemblent avec un bruit pareil au rugissement de plusieuis torrents. Le cor de la guerre est entendu sur le Lego. Le puissant Torlath arrive : — « Pourquoi, Cuthullin, viens-tu avec les milliers ? dit le chef de Lego. Je connais la force de ton bras, et ton âme est un feu qui ne s’éteint jamais : pourquoi ne pas combattre dans la plaine et laisser nos guerriers contempler nos exploits ?