Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

brave Calmar, pourquoi regardes-tu vers le désert, si tu vois revenir ton fils ? Ce ne sont point ses héros que tu vois, sombres sur la bruyère ; et cette voix, n’est point celle de Calmar. Ce n’est qu’une forêt lointaine, ô Alcletha, ce n’est que le rugissement du vent de la montagne ! »

ALCLETHA.

« Quel est celui qui franchit le torrent de Lara, sœur du noble Calmar ? Alcletha ne voit-elle point la lance de son fils ? Mais mes yeux sont affaiblis ! Fille de mon amour, n’est-ce point là le fils de Matha ? — Ce n’est qu’un chêne antique, répondit la belle et pleurante Alona. Ce n’est qu’un chêne, Alcletha, penché sur le torrent de Lara. Mais qui vient le long de la plaine ? La douleur est dans sa marche rapide ! Il lève la lance de Calmar : Alcletha, elle est couverte de sang ! »

ALCLETHA.

« Sœur de Calmar, c’est qu’elle est couverte du sang des ennemis ! Sa lance, ni son arc ne sont jamais revenus de la bataille des braves sans être tachés de sang : sa présence consume les armées ; c’est une flamme de mort, ô Alona ! — Jeune et rapide messager de deuil, où est le fils d’Alcletha ? revient-il, avec sa gloire, au milieu de ses boucliers retentissants ? Tu es sombre et silencieux ! Calmar n’est donc plus ? Ne me dis point, ô guerrier ! comment il a péri ; je ne puis entendre parler de sa blessure. »

CARRIL.

« Pourquoi regardes-tu vers le désert, mère de Calmar qui n’est plus ? »

Tel était le chant de Carril, tandis que Cuthullin était couché sur son bouclier ; les bardes se repo-