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dissantes. Silencieux, il écoutait leur voix et s’appuyait sur sa lance !

Le matin se leva avec tous ses rayons. Les enfans d’Érin paraissent et, comme des rochers grisâtres avec tous leurs arbres, ils s’étendent le long de la côte. Cairbar se tenait au milieu. Il sourit d’un air farouche quand il vit l’ennemi. Nathos s’élança dans sa force ; Dar-thula ne put rester derrière : levant sa lance brillante elle vole avec le héros. — « Mais qui sont ces guerriers couverts de leurs armures et dans l’orgueil de la jeunesse ? Ce sont les fils d’Usnoth, Althos et Ardan à la noire chevelure. »

« Viens, dit Nathos, viens, chef de la haute Temora ! Combattons sur la côte pour la vierge aux seins blancs. Les guerriers de Nathos ne sont point avec lui ; ils sont au delà de ces vagues roulantes. Pourquoi conduis-tu tes milliers contre le chef d’Etha ? Tu as fui devant lui, dans le combat, alors que ses amis environnaient sa lance. » — « Jeune homme au cœur d’orgueil, le roi d’Érin doit-il combattre contre toi ? » Tes pères n’étaient point du nombre des illustres, ni des rois des hommes. Voit-on dans leurs demeures les armes des ennemis ou les boucliers des temps anciens ? Cairbar est célèbre dans Témora. Il ne doit pas combatre contre de faibles hommes ! »

Une larme jaillit des yeux de Nathos. Il tourne ses regards vers ses frères : leurs lances volent en même temps et trois héros sont couchés sur la terre. Leurs épées aussitôt étincellent dans l’air. Les rangs d’Érin reculent devant eux, comme une chaîne de noirs nuages devant un tourbillon de vent. Cairbar alors commande ses guerriers et ils bandent mille arcs. Mille flèches volent : les fils d’Usnoth tombent dans leur sang. Ils tombent comme trois jeunes chênes qui seuls s’élevaient sur la colline. Le