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louange, fils du généreux Usnoth ! Pourquoi n’étais-je point à Lena quand eut lieu la bataille. L’épée d’Ossian l’aurait défendu, ou lui-même il aurait succombé ! »

Nous étions assis cette nuit même dans Selma, autour de la force de la coupe. Le vent était dans les cbênes ; l’esprit de la montagne mugissait.[1] Une bouffée de vent traversa la salle et toucha légèrement ma harpe. Le son en fut sourd et plaintif, comme le chant de la tombe. Fingal l’entendit le premier et de fréquents soupirs s’échappèrent de son sein. » Quelques-uns de mes héros ont péri, dit le roi de Morven ; j’entends sur la harpe le son de la mort. Ossian touche la corde tremblante et dis à la douleur de s’éveiller, pour que leurs âmes puissent, avec joie, s’envoler vers les collines boisées de Morven ! » Je touchai la harpe devant le roi ; les sons en étoient sourds et plaintifs. « Penchez-vous du haut de vos nuages, ombres de mes pères, penchez-vous ! Écartez de vous les feux et les terreurs de votre course, et recevez le héros qui succombe, soit qu’il vienne d’une terre lointaine, soit qu’il s’élève de la mer roulante. Qu’on prépare sa robe de brouillard et sa lance de nuage. Placez à son côté un météore à demi éteint sous la forme de son épée, et que son visage soit serein pour que ses amis puissent se réjouir de sa présence. Penchez-vous du haut de vos nuages, ombres de mes pères, penchez-vous ! »

Tel fut mon chant dans Selma, aux sons légers de la harpe tremblante. Mais Nathos était sur la côte d’Érin environné de la nuit. Il entendit la voix de l’ennemi au milieu du rugissement des vagues bon-

  1. Par l’esprit de la montagne, le poète entend ce bruit sourd et mélancolique qui précède la tempête et qui est bien connu de ceux qui habitent les montagnes.