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le quatrième je frappai le bouclier de Caithbat ; autour de moi les guerriers se rassemblèrent avec joie, en agitant leurs lances étincelantes. Près de là, avec son armée, était Corlath, l’ami de Cairbar. Comme un torrent, nous vînmes pendant la nuit. Ses guerriers tombèrent devant nous, et quand s’éveilla le peuple de la vallée, il vit leur sang à la lueur du matin. Ensuite, pareils à des colonnes de brouillard, nous nous avançâmes vers le palais de Cormac. Nos épées étaient levées pour défendre le roi ; mais les salles de Temora étaient vides ; Cormac avait péri dans sa jeunesse, le roi d’Érin n’était plus !

La tristesse s’empara des enfants d’Érin. Ils se retirèrent lentement et d’un air sombre, comme des nuages qui, ayant longtemps menacé de la pluie, s’évanouissent derrière les montagnes. Les fils d’Usnoth marchèrent, dans leur douleur, vers la baie retentissante de Turo. Nous passâmes près de Selama. Cairbar se retira devant nous comme le brouillard de Lano quand les vents le chassent devant eux. Ce fut alors que je te vis, ô Dar-thula ! semblable à la lumière du soleil d’Etha ! — « Charmant est ce rayon, me dis-je, et des soupirs s’échappèrent de mon sein. Tu vins, dans ta beauté, ô Dar-thula, vers le triste chef d’Etha !… Mais les vents nous ont trompés, fille de Colla, et l’ennemi est près de nous ! »

« Oui, l’ennemi est près de nous ! dit la force accourue d’Althos. J’ai entendu sur la côte le cliquetis des armes, et j’ai vu les noires ondulations de l’étendart d’Érin. Distincte est la voix de Cairbar ; bniyante comme la chute des eaux du Cromla. Il avait vu notre noir vaisseau sur la mer, avant que l’obscure nuit descendit. Son peuple veille sur la plaine de Lona et lève dix mille épées. » — « Qu’il lève dix mille épées, répondit Nathos, avec un sou-