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pourraient venir jusqu’à moi, et, dans son palais attrister l’âme d’Usnoth. » Des pleurs étaient sur les joues de mon père. Il me donna cette brillante épée !

J’arrivai dans la baie de Tura ; mais ses murailles étaient silencieuses. Mes yeux autour de moi cherchèrent en vain quelqu’un pour me parler du fils du généreux Semo. Je me rendis à la salle des coupes, où jadis étaient suspendues les armes de ses pères. Mais elles n’y étaient plus : le vieux Lamhor s’y trouvait seul et assis dans ses larmes. « D’où viennent ces armes ? dit Lamhor en se levant. L’éclat de la lance a longtemps été absent des sombres murailles de Tura. Venez-vous de la mer roulante, ou du triste palais de Temora ? »

« Nous venons de la mer, lui dis-je, et des tours élevées d’Usnoth. Nous sommes les fils de Slissama, la fille de Semo. Enfant de ce silencieux palais, où est le chef de Tara ? Mais pourquoi le demanderais-je ? Ne vois-je pas tes larmes ! Comment le puissant est-il tombé, fils de la solitaire Tura ? » — « Il n’est point tombé, répondit Lamhor, comme l’étoile silencieuse de la nuit, qui vole à travers les ténèbres et n’est plus ; mais comme le météore qui tombe dans une terre lointaine : la mort suit sa course terrible ; il est lui-même le signal des guerres. Tristes sont les rives du Lego, triste est le murmure du torrent de Lara ! Fils du lioble Usnoth, c’est là qu’est tombé le héros ! »

« Le héros est tombé au milieu du carnage, lui dis-je en soupirant ; sa main était redoutable dans le combat, et la mort sombre était toujours assise derrière son épée. »

Nous allâmes vers les rives du Lego. Nous trouvâmes la tombe de Cuthullin ; tout auprès étaient ses compagnons de guerre et ses bardes aux chants nombreux. Trois jours nous pleurâmes sur le héros ;