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Où te trouverai-je un asile, fille du puissant Colla ! Les frères de Nathos sont braves, et mon épée à moi, a brillé dans les batailles ; mais que peuvent les fils d’Usnoth contre l’armée de Cairbar ? Oh ! que les vents n’ont-ils conduit ici tes voiles, ô Oscar, roi des hommes ! Tu avais promis de venir combattre pour le malheureux Cormac ! Ma main serait alors puissante comme le bras flamboyant de la mort. Cairbar tremblerait dans son palais et la paix environnerait la belle Dar-thula. Mais pourquoi t’affaisses-tu, ô mon âme ! Les fils d’Usnoth peuvent triompher ! »

« Et ils triompheront, ô Nathos, s’écria la jeune fille dans le transport de son âme. Dar-thula ne reverra jamais le palais du farouche Cairbar. Donne-moi ces armes d’airain que fait briller le météore qui passe : je les vois obscurément dans ton navire au noir poitrail. Dar-thula veut entrer dans les rangs d’acier de la bataille… Ombre du noble Colla, est-ce toi que j’aperçois sur ce nuage ? Quelle est près de toi cette forme obscure ? C’est Truthil ! Et je verrais le palais de celui qui a tué le chef de Selama ! Non ! ombres de mon amour, non je ne le verrai pas !

À ces paroles de la blanche jeune fille, la joie se leva sur le visage de Nathos. « Vierge de Selama, tu brilles sur mon âme ! Viens, Cairbar, viens avec tes mille guerriers ! La force de Nathos est revenue ! Et toi, vénérable Usnoth, tu n’entendras pas dire que ton fils a fui. Je me rappelle tes paroles sur Etha, quand mes voiles commençaient à s’enfler, quand je les déployais vers Érin, vers les murailles de Tura. « Nathos, me dit mon père, tu vas vers le roi des boucliers, tu vas vers Cuthullin, le chef des hommes, qui n’a jamais fui dans les dangers. Que ton bras ne soit pas faible ; que tes pensées ne soient point celles de la fuite ! de peur que le fils de Semo ne dise que les enfants d’Etha sont des lâches. Ces paroles