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du ciel au milieu de son brouillard obscur. Qui est-ce autre que Dar-thula, la première des jeunes filles d’Érin ? Pour se dérober à l’amour de Cairbar, elle s’est enfuie avec Nathos au bleu bouclier. Mais les vents te trompent, ô Dar-thula ! Ils refusent à tes voiles la verdoyante Etha. Ces montagnes ne sont point celles de Nathos, et ce rugissement n’est point celui de ses vagues bondissantes ! Près de toi sont les salles de Cairbar ; près de toi lèvent leurs têtes les tours de l’ennemi. Érin avance sur la mer sa cime verdoyante, et la baie de Tura reçoit ton navire. Où étiez-vous, vents du midi, quand les fils de mon amour étaient ainsi déçus ? Vous étiez à jouer sur les plaines et à poursuivre la barbe des chardons. Oh ! que ne souffliez-vous plutôt dans les voiles de Nathos, jusqu’à ce que les collines d’Etha se levassent dans les nues et vissent venir leur roi ! Tu as longtemps été absent, ô Nathos, et il est passé le jour de ton retour !

Mais elle te vit charmant la terre des étrangers, et tu parus beau aux yeux de Dar-thula. Ton visage était comme la lumière du matin et ta chevelure comme l’aile du corbeau. Ton âme était tendre et généreuse, comme l’heure du soleil couchant. Tes paroles étaient douces comme la brise des roseaux, comme le murmure du ruisseau de Lora. Mais quand s’allumait la fureur des combats, tu ressemblais à la mer au milieu d’une tempête. Le bruit de tes armes était terrible : les armées s’évanouissaient au seul bruit de ta course. Ce fut alors que Dar-thula te vit du sommet de sa tour couverte de mousse ; de la tour de Selama où demeuraient ses pères.

« Tu es beau, ô étranger, disait-elle dans l’émotion de son âme ; tu es beau dans les combats, ô ami du malheureux Cormac ! Pourquoi te précipites-tu dans ta valeur, jeune guerrier au visage charmant ? De ton armée les mains sont peu nombreuses