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cendait comme un trait de lumière sur le roi de Dunlathmon !

Lathmon regarde le fils de Morni et des larmes jaillissent de ses yeux. Il jette par terre la lance de ses aïeux et dit les paroles du brave : « Pourquoi Lathmon combattrait-il contre les premiers des hommes ? Vos âmes sont des rayons du ciel et vos épées les flammes de la mort ! Qui peut égaler la renommée de ces héros dont les actions sont si grandes dans leur jeunesse ? Oh ! que n’êtes-vous dans le palais de Nuath, dans la verte demeure de Lathmon ! mon père ne dirait point alors que son fils a cédé à de faibles guerriers. Mais qui vient comme un torrent impétueux sur la bruyère retentissante ? Les collines tremblent devant lui. Mille fantômes se jouent dans les éclairs de son épée : ce sont les ombres de ceux qui doivent tomber sous la main du roi de Morven. Heureux es-tu, ô Fingal ! Tes fils combattront dans tes guerres. Ils devancent tes pas et reviennent dans l’éclat de leur gloire ! »

Fingal s’avance avec douceur, se réjouissant en secret des hauts faits de son fils. La joie éclaire le visage de Morni et ses yeux brillent faiblement sous ses larmes de joie. Nous allons au palais de Selma et nous nous asseyons à la fête des coupes. Les filles de l’harmonie viennent à nous, précédées de la douce et rougissante Éverallin. Sa chevelure s’épanche sur son cou de neige et ses yeux en secret se tournent sur Ossian. Elle touche la harpe mélodieuse et nous bénissons la fille de Branno !

Fingal se lève et de sa place il parle à Lathmon, roi des Lances. L’épée de Trenmor tremble à son côté à chaque geste de son bras puissant. « Fils de Nuath, dit-il, pourquoi viens-tu chercher la gloire dans Morven ? Nous ne sommes point d’une race débile et nos épées ne brillent point sur le faible. Quand, ô Lathmon, t’avons-nous réveillé par le