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cher ? Ses flancs grisâtres brillent faiblement à la lueur des étoiles. Si l’ennemi triomphe, appuyons-nous contre ce rocher ; il craindra d’approcher de nos lances, car la mort est dans nos mains ! »

Je frappai trois fois mon bouclier sonore. Les ennemis tressaillent et se lèvent : nous fondons sur eux dans le bruit de nos armes : leurs pas volent, pressés sur la bruyère. Ils pensaient que le puissant Fingal était venu lui-même, et la force abandonna leurs bras. Le bruit de leur fuite ressemblait à celui de la flamme, lorsqu’elle s’élance à travers les forêts flétries. Ce fut alors que la lance de Gaul vola dans toute sa force ; ce fut alors que se leva son épée ! Cremor tombe et Leth avec lui. Dunthormo se débat dans son sang. L’acier traversa le flanc de Crotho au moment où il se levait sur sa lance : un noir torrent s’échappe de sa blessure et jaillit en sifflant sur le chêne à demi éteint. Cathmin voit derrière lui les pas du héros ; il monte sur un arbre desséché ; mais la lance le perce par derrière. Il pousse un cri aigu et tombe : la mousse et les branches mortes le suivent dans sa chute et couvrent les armes bleues de Gaul.

Tels furent tes exploits, fils de Morni, dans la première de tes batailles ! Mais l’épéene dormait pas à ton côté, toi, le dernier de la race de Fingal ! Ossian s’élance dans sa force et les guerriers tombent devant lui, comme l’herbe sous le bâton d’un enfant lorsqu’il siffle le long de la plaine et fait voler la barbe grise des chardons : insoucieux, il poursuit sa route et tourne ses pas vers le désert.

Le matin se lève autour de nous : les sinueux torrents brillent le long de la bruyère. Les ennemis se rassemblent sur une colline et la rage se lève dans l’âme de Lathmon. Il baisse vers le sol l’œil rouge de sa colère : il garde le silence dans sa douleur croissante. Souvent il frappe son bouclier et ses pas sont