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volaient sur la plaine et le bruit lointain de l’ennemi arrivait à nos oreilles. Ce fut alors que Gaul, la main sur son épée à demi tirée, me dit, dans sa valeur : « Fils de Fingal, pourquoi l’âme de Gaul brûle-t-elle ? Mon cœur bat avec force ; mes pas sont mal assurés et ma main tremble sur mon épée. Quand je regarde les ennemis, mon âme brille devant moi. Je vois leur armée endormie. Les âmes des braves tremblent-elles ainsi dans les combats de la lance. Combien grande serait la joie de Morni si nous fondions sur l’ennemi ! Notre renommée croîtrait dans les chants et nos pas seraient majestueux aux yeux des braves. »

« Fils de Morni, lui répondis-je, mon âme se plaît dans la guerre. J’aime à briller seul dans la bataille et à léguer mon nom aux bardes. Mais, si l’ennemi triomphait, comment soutenir les regards du roi ! Ils sont terribles dans sa colère, ils sont semblables aux flammes de la mort ! Non ! je ne les soutiendrai pas dans son courroux : Ossian va vaincre ou succomber ! Mais la gloire des vaincus s’élève-t-elle jamais ? Ils passent comme une ombre. Mais la gloire d’Ossian s’élèvera. Ses actions égaleront les actions de son père. Volons dans nos armes, fils de Morni, volons au combat ! Si tu en reviens, ô Gaul, rends-toi au noble palais de Selma. Dis à Éverallin que je suis tombé avec gloire ; porte cette épée à la fille de Branno : qu’elle la donne à Oscar quand les années auront mûri sa jeunesse. »

« Fils de Fingal, répondit Gaul avec un soupir, reviendrais-je du combat si Ossian succombait ? Que dirait mon père ? Que dirait Fingal le roi des hommes ? Le faible détournerait les yeux et dirait : « Voyez Gaul, celui qui abandonna son ami dans son sang ! » Non, vous ne me reverrez point, hommes faibles, si ce n’est au milieu de ma gloire ! Ossian, j’ai appris de mon père les hauts faits des héros ;