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« Chef de l’orageuse Morven, dit la jeune fille aux bras de neige, laisse-moi me reposer dans ton navire bondissant, loin de l’amour de Corlo : car il est terrible pour Inibaca comme le tonnerre du désert. Il m’aime dans son farouche orgueil et lève dix mille lances. » — « Repose en paix, dit le puissant Trenmor, repose à l’ombre du bouclier de mes pères. Je ne fuirai point devant ce chef quoiqu’il lève dix mille lances. » Trois jours il attendit sur le rivage. Il fit au loin retentir son cor, et du haut de ses collines il invita Corlo à descendre au combat : mais Corlo ne vint pas. Alors le roi de Lochlin descendit de son palais : il fit une fête sur le rivage et donna la jeune fille à Trenmor. »

Roi de Lochlin, dit Fingal, ton sang coule dans les veines de ton ennemi. Nos pères se rencontrèrent dans la bataille parce qu’ils aimaient la lutte des lances ; mais souvent ils se donnèrent des fêtes dans leurs palais, et firent circuler la coupe de la joie. Laisse la gaité éclairer ton visage et la harpe enchanter ton oreille. Terrible comme la tempête de ton Océan, tu as répandu ta valeur ; et ta voix a été semblable à la voix de mille guerriers quand ils engagent le combat. Lève demain, lève tes blanches voiles au vent, ô Frère d’Agandecca ! Brillante comme le rayon du midi, elle descend sur mon âme affligée. J’ai vu tes larmes pour cette jeune beauté, et je t’ai épargné dans les salles de Starno, quand mon épée était rouge de carnage et mon œil plein de larmes pour la jeune fille. Préfères-tu le combat ? Je te l’offre, comme tes pères jadis l’ont offert à Trenmor ; pour que tu puisses t’en aller plein de gloire, comme le soleil qui se couche dans l’Occident ! »

Roi de la race de Morven, dit le chef de Lochlin, jamais Swaran ne combattra contre toi, ô le premier des héros ! Je t’ai vu dans les salles de Starno : tes années dépassaient de peu les miennes. Quand donc, di-