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tendre Lamderg, l’enfant de la bataille ; le quatrième, Gelchossa sera à moi, si le puissant Lamderg fuit ! »

« Allad, dit le chef de Cromla, paix à tes songes dans ta caverne ! Ferchios, fais retentir le cor de Lamderg, et qu’UIlin l’entende de sa demeure. » Lamderg, comme une tempête rugissante, monte sur la colline ; il murmure, en marchant, un chant terrible et sombre comme le bruit d’un torrent dans sa chute. Sombre, il s’arrête sur la colline, pareil à un nuage variant ses formes aux vents. Il roule un rocher, signal de la guerra, et Ullin, dans la demeure de Cairbar, en entendit la chute. Avec joie il entend son ennemi. Il saisit la lance de son père ; un sourire éclaire ses joues brunies, et il suspend son glaive à son côté. Le poignard étincelle dans sa main ; il s’avance en sifflant.

« Gelchossa vit le chef silencieux, comme une colonne de brouillard, monter sur la colline. Elle frappe son sein palpitant : muette et dans les pleurs, elle tremble pour Lamderg. « Cairbar, chef aux cheveux gris, dit la vierge à la main blanche et douce, je veux aller tendre l’arc sur le Cromla ; j’y vois les biches au poil fauve. » Elle vole sur la colline ; mais en vain ! déjà combattaient les farouches guerriers. — Pourquoi dirai-je au roi de Selma comment ont combattu ces héros courroucés ? Le sauvage Ullin succomba. Le jeune Lamderg revint, mais pâle, vers la fille de Tuathal. « Quel sang, mon amour, dit-elle toute tremblante, quel sang coule sur le flanc de mon guerrier ? » — « C’est le sang d’Ullin, répondit le chef. Gelchossa, ô toi plus belle que la neige, laisse-moi ici reposer quelque temps ! » — Le puissant Lamderg mourut. — « Et si tôt dors-tu sur la terre, ô chef de l’ombragée Tura ? » Trois jours elle se lamenta auprès de son amour. Les chasseurs la trouvèrent froide ; ils élevèrent cette tombe