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suis ici, assise dans ma douleur. » Les soupirs soulevaient son sein blane et sa joue était mouillée de larmes. Mais je ne la vois point venir au-devant de moi pour calmer mon âme après la guerre. Silencieux est le palais de ma joie : je n’entends pas la voix du harde. Bran, à la porte, n’agite point ses chaînes, joyeux à la venue de Lamderg. Où est Gelcliossa, mon amour, la douce fille du généreux Tuathal ? « Lamderg, dit Ferchios, fils d’Aidon, Gelchossa erre sur le Cromla. Elle poursuit avec les filles de l’arc les chevreuils fugitifs. » — « Ferchios, répond le chef de Crouila, nul hruit n’arrive à l’oreille de Lamderg. Pas un son dans les bois de Lena. Aucun chevreuil ne fuit devant mes yeux ; aucun chien haletant ne le poursuit. Je ne vois point Gelchossa, mon amour, belle comme la pleine lune se couchant sur les collines. Va, Ferchios, va vers Allad. l’enfant du rocher aux cheveux blanchis. Sa demeure est dans le cercle de pierres. Il sait peut-être où se trouve la belle Gelchossa. »

Le fils d’Aidon va et parle à l’oreille du vieillard : « Allad, tremblant et solitaire habitant des rochers, qu’ont vu les yeux de ta vieillesse ? » — « J’ai vu, répondit le vieux Allad, j’ai vu Ullin, le fils de Cairbar ; du Cromla il est descendu dans les ténèbres. Il murmurait un chant lugubre, comme le vent dans une forêt sans feuilles. Il entra dans le palais de Tura : « Lamderg, s’écria-t-il, ô toi le plus redoutable des hommes, combats ou cède à Ullin ! » — « Lamderg, le fils de la bataille, répondit Gelchossa, n’est point ici : il combat Ulfada, le chef puissant ; il n’est point ici, ô toi le premier des hommes ! mais Lamderg ne céda jamais ; il combattra le fils de Cairbar ! » — « Tu es belle, reprit le farouche Ullin, fille du généreux Tuathal ! Je t’emmène au palais de Cairbar, et le brave aura Gelchossa. Trois jours je resterai sur le Cromla pour at-