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frappe et renverse l’ennemi ! frappe ! détruis ! »

À ces mots, le cœur de Gaul bat avec violence ; mais Swaran s’avance avec toute son armée : en deux il fend le bouclier de Gaul, et les enfants de Selma prennent la fuite.

Fingal aussitôt se lève dans ses armes : trois fois il fait entendre sa terrible voix. Le Cromla en répéta les sons, et les fils du désert s’arrêtèrent immobiles. Ils baissent vers la terre leurs visages confus et rougissent en présence du roi. Il s’avançait comme un nuage de pluie dans un jour de soleil, lorsqu’il roule lentement sur la colline et que les champs attendent les ondées : le silence accompagne sa marche lente dans le ciel ; mais l’orage doit bientôt éclater. Swaran aperçoit le terrible roi de Morven et s’arrête au milieu de sa course. Sombre, il s’appuie sur sa lance et roule autour de lui des yeux enflammés. Silencieux et grand, on dirait, sur les rives du Lubar, un chêne dont les branches jadis ont été flétries par le feu du ciel : il se penche sur le torrent ; ses mousses grisâtres sifflent à la brise : tel semblait le roi. Cependant il se retire à pas lents sur la bruyère de Lena ; ses mille guerriers se répandent autour de lui, et les ténèbres s’amassent sur sa colline.

Fingal, comme un rayon du ciel, brille au milieu de son peuple. Ses héros s’assemblent autour de lui ; il leur fait entendre la voix de sa puissance : « Levez mes étendarts, déployez-les aux vents de Lena, comme les flammes de cent collines ! qu’ils frémissent sur les brises d’Érin et nous excitent au combat. Enfants des impétueux torrents qui tombent de mille montagnes, tenez-vous près du roi de Morven ! soyez attentifs à ses royales paroles ! Gaul, bras indomptable de la mort ; Oscar, aux futures batailles ; Connal, fils de Sora aux bleus boucliers ; Dermid, à la brune chevelure ; Ossian, roi des