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ses chefs. Il s’assied sur la cime du Cromla : l’éclat de son épée se balance dans l’air, et nous marchons à l’ennemi.

La joie se lève sur le visage d’Oscar. Sa joue est rouge et son œil verse des larmes. Son épée, dans sa main, est un rayon de lumière. Il s’avance et, souriant, il dit à Ossian : « Ô toi qui règles le combat des épées, ô mon père, prête l’oreille à ton fils ! Retire-toi avec le chef de Morven et cède ; moi ta gloire. Si je péris ici, souviens-toi de ce sein de neige, de ce rayon solitaire de mon amour, la fille aux blanches mains de Toscar ! Car, les joues en feu et ses doux cheveux épars sur son sein, du haut du rocher, elle se penche sur le torrent et soupire pour Oscar. Dis-lui qu’enfant léger des vents je suis sur mes collines ; dis-lui, que dans un nuage, je rejoindrai la gracieuse fille de Toscar ! » — Élève, Oscar, élève plutôt ma tombe : je ne veux point te céder le combat. Le premier et le plus sanglant dans la mêlée, mpn bras doit t’apprendre à combattre. Mais souviens-toi, mon fils, de placer cette épée, cet arc et le bois de mon cerf dans cette étroite et sombre demeure dont la marque est une pierre grisâtre ! Oscar, je n’ai pas d’amante à laisser aux soins de mon fils. Éverallin n’est plus, Éverallin la douce fille de Branno ! »

Telles étaient nos paroles lorsque la voix de Gaul descendit forte et croissante sur le vent. Il agite au-dessus de lui le glaive de son père. Nous nous précipitons à la mort et aux blessures. Comme les vagues écumeuses, bouillonnant sur l’abîme, s’avancent gonflées et rugissantes ; comme les rochers couverts de limon s’opposent aux vagues rugissantes ; ainsi les ennemis s’attaquent et conbattent. L’homme rencontre l’homme, l’acier rencontre l’acier. Les boucliers résonnent et les guerriers succombent. Comme cent marteaux sur le rouge enfant de la four-