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Fingal se tenait près de l’ennemi : Il écoutait les récits de ses bardes, qui dans leurs chants, disaient sa race illustre, les chefs des temps passés. Attentif, appuyé sur son bouclier, était assis le roi de Morven. Le vent siffle à travers ses cheveux et ses pensées sont des jours du passé. Près de lui, sur sa lance qui plie, se tenait mon jeune, mon vaillant Oscar. Il admirait le roi de Morven et ses hauts faits agrandissaient son âme.

Fils de mon fils, commença le roi, ô Oscar, orgueil de la jeunesse, j’ai vu l’éclat de ton glaive ; je me suis glorifié de ma race. Continue la gloire de nos pères ; sois ce qu’ils ont été, quand vivaient Trenmor le premier des mortels et Trathal le père des héros ! Ils ont combattu dans leur jeunesse ; ils sont le sujet du chant des bardes. Ô Oscar, ploie le bras du fort ; mais épargne les mains de la faiblesse. Sois pour les ennemis de ton peuple un torrent aux vagues nombreuses ; mais pour ceux qui réclament ton secours, sois la brise qui effleure le gazon. Tel vécut Trenmor ; tel fut Trathal, et tel a été Fingal. Mon bras fut le soutien de l’opprimé ; le faible s’est reposé derrière les éclairs de mon glaive.

Oscar, j’étais jeune comme toi, quand vint la gracieuse Fainasollis, ce rayon de soleil, cette douce lumière d’amour, la fille du roi de Craca[1]. Je revenais de la plaine de Cona et peu de guerriers étaient à ma suite. Une barque à la blanche voile apparut dans le lointain ; nous la vîmes comme un brouillard volant sur la brise de l’Océan. Elle s’approcha bientôt. Nous vîmes la belle jeune fille : sa blanche poitrine était gonflée de soupirs ; le vent était dans ses noirs cheveux dénoués et sa joue rosée avait des larmes. «  Vierge de beauté, lui dis-je avec calme, quel soupir est dans ton sein ? Jeune comme

  1. Craca était probablement une des îles Shetland.