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thullin protégeait les enfants d’Érin et se tenait au milieu des milliers d’ennemis. Le sang des héros expirant autour de lui, jaillit comme la source du rocher, mais l’armée d’Érin, d’une aile à l’autre, se fond comme la neige aux rayons du soleil.

« Ô fils d’Érin, dit Grumal, Lochlin triomphe sur le champ de bataille ! Pourquoi lutter comme des roseaux contre le vent ? Fuyons vers la colline des chevreuils ! » Il s’enfuit, pareil au cerf de Morven ; sa lance, rayon de lumière, tremble derrière lui. Peu de guerriers fuirent avec Grumal, chef à l’âme débile ; ils périrent dans le champ des héros, sur la bruyère de Léna.

Debout sur son char aux pierres brillantes, se tenait le chef d’Érin. Il abattit un fils puissant de Lochlin et dit à Connal : « Ô Connal, premier des mortels, toi qui enseignas à mon bras à donner la mort ! quoique les enfants d’Érin aient pris la fuite, ne combattrons-nous pas l’ennemi ? Carril, fils des temps passés, conduis mes guerriers vers cette colline couverte de buissons, et nous, Connal, tenons-nous ici comme des rochers et protégeons la fuite de nos amis.

Connal monte sur le char. Ils étendent leurs boucliers, pareils à l’orbe obscurci de la lune, fille des cieux étoilés, quand elle promène son cercle ténébreux à travers les airs et qu’un événement terrible est attendu des hommes. Sifadda et Dusronnal, coursiers superbes, haletants, gravissaient la colline. Comme les vagues derrière une baleine, derrière eux se ruait l’ennemi.

Sur les flancs élevés du Cromla s’arrêtèrent les enfants d’Érin, tristes et en petit nombre ; comme une forêt à travers laquelle s’est précipitée la flamme, poussée par les vents d’une nuit d’orage : noirs et à demi consumés, les arbres se tiennent à