Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et sans vie est maintenant ton Crugal ; son ombre est dans la caverne de la colline ; il vient à l’oreille. du sommeil et fait entendre sa faible voix, semblable au bourdonnement de l’abeille des montagnes ou à celui des innombrables insectes du soir. Mais Dégréna tombe comme un nuage du matin ; le glaive de Lochlin est dans ses flancs. Cairbar, elle est tombée, la première pensée de ta jeunesse ; elle est tombée, ô Cairbar, la pensée de tes jeunes heures ! »

L’impétueux Cairbar entendit ce chant de douleur. Il s’élance, pareil à la baleine de l’Océan ; il voit la mort de sa fille et rugit au milieu des ennemis. Sa lance atteint un fils de Lochlin ; la bataille s’étend d’une aile à l’autre ! Comme les vents conjurés dans les forêts de Lochlin, comme le feu dans les sapins des montagnes, avec autant de bruit et de ravage roulent abattus les vastes rangs des hommes ! Cuthullin moissonnait les guerriers comme des chardons ; Swaran dévastait Érin. Sous sa main tombent Curach et Cairbar au large bouclier ! Morglan repose dans l’éternel sommeil ! Ca-olt frissonne et meurt ! Sa blanche poitrine est tachée de sang ; ses blonds cheveux sont étendus sur la poussière de sa terre natale. Il avait souvent étalé le festin aux lieux mêmes où il tomba ; souvent il y avait réveillé la voix de la harpe, quand ses chiens sautaient de joie autour de lui, et que la jeunesse de la chasse préparait les arcs !

Swaran avançait toujours comme un torrent qui se précipite du désert et roule dans sa course les petites collines et les rochers à moitié engloutis ! Mais Cuthullin se tint devant lui, comme une montagne qui arrête les nuages du ciel : les vents luttent sur sa tête de sapins, la grêle résonne sur ses rochers ; mais ferme dans sa force, elle reste debout, et protège la vallée silencieuse de Cona. Ainsi Cu-