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main, et je ne fuirai pas encore, faible enfant de la brise ! Va, fils de Colgar, frappe le bouclier : il est suspendu entre les lances. Que mes guerriers se lèvent à ce bruit, pour les combats d’Érin. Quoique Fingal tarde à paraître avec la race de ses îles orageuses, nous combattrons, fils de Colgar, et nous mourrons dans la bataille des braves !

Le son se répand au loin. Les héros se lèvent comme le brisement d’une vague bleue roulant sur le rivage : ils se tenaient sur la bruyère comme des chênes avec toutes leurs branches, lorsqu’ils gémissent sous un torrent de grêle et que les vents sifflent dans leurs feuilles flétries.

De la haute Cromla, la tête de nuages est grise ; le jour tremble sur l’Océan à demi éclairé ; le brouillard bleu nage lentement autour d’eux et cache les fils d’Inis-fail.

« Levez-vous, dit le roi des sombres boucliers, vous qui êtes venus des vagues de Lochlin ! les enfants d’Érin ont fui devant nos armes ; poursuivons-les sur les plaines de Lena ! Morla, va au palais de Cormac ; somme-le de se soumettre à Swaran, avant que son peuple ne disparaisse dans la tombe et que le silence ne s’étende sur son île ! » Ils se levèrent bruyants comme une nuée d’oiseaux de mer, quand les vagues les chassent du rivage. Leur bruit était pareil à celui de mille torrents qui se rencontrent dans la vallée de Cona, lorsqu’après une nuit d’orage ils roulent leurs sombres tourbillons sous la pâle lueur du matin.

Comme les noires ombres de l’automne volent sur les vertes collines, ainsi sombres et menaçants viennent, l’un après l’autre, les chefs des forêts retentissantes de Lochlin. Superbe comme le chef de Morven, le roi, devant eux, marchait avec majesté. Son bouclier brille à son côté comme une flamme nocturne sur la bruyère, quand le monde est silen-