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vient-il à travers mon sommeil ? Ma lance aurait pu, trompée par le bruit, se tourner contre toi, et Cuthullin aurait à déplorer la mort de son ami. Parle, Connal, fils de Colgar, parle, ton avis est l’astre du ciel. »

« Fils de Sémo, répliqua le chef, le fantôme de Crugal est sorti de sa caverne : les étoiles scintillaient faiblement à travers son ombre ; sa voix était comme le bruit d’un torrent lointain. C’est un messager de mort ; il parle de l’étroite et sombre demeure. Demande la paix, ô chef d’Érin, ou fuis à travers la bruyère de Léna. »

« Il parla à Connal, répondit le héros, quoique les étoiles scintillassent faiblement à travers son ombre ! Fils de Colgar, c’était le vent qui murmurait à ton oreille ; ou si c’était le fantôme de Crugal, pourquoi ne l’as-tu pas forcé de paraître à ma vue ? Lui as-tu demandé où est sa caverne ? la demeure de ce fils de l’air ? Mon épée pourrait trouver cette voix et forcer Crugal à révéler l’avenir. Mais légère est sa science de l’avenir, ô Connal ! Aujourd’hui même il était parmi nous. Il n’a pas eu le temps de franchir nos collines : qui a pu l’instruire de notre chute ? » — « Les fantômes volent sur les nuages et chevauchent sur les vents, répondit la sage voix de Connal ; ils reposent ensemble dans leurs cavernes et s’entretiennent des mortels. »

Qu’ils s’entretiennent donc des mortels, de tous, excepté du chef d’Érin ; que je sois oublié dans leur caverne. Je ne fuirai point devant Swaran ! Si je dois succomber, ma tombe s’élèvera au milieu de la renommée des temps futurs : le chasseur versera une larme sur ma pierre ; la douleur habitera autour de la blanche Bragela. Je ne crains pas la mort ; je crains de fuir ! Fingal m’a vu victorieux. Toi, obscur fantôme de la colline, montre-toi devant moi ; viens sur ton rayon céleste, montre-moi ma mort dans ta