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cirait pas de crainte. Levez-vous pour combattre, mes milliers de braves ! Répandez-vous autour de moi comme la mer retentissante. Assemblez-vous autour du glaive étincelant de votre roi, forts comme les rochers de nos terres, qui luttent avec joie contre l’orage et opposent aux vents leurs sombres sapins ! »

Comme de noirs orages d’automne se précipitant de deux montagnes retentissantes, l’un vers l’autre s’approchent les héros ; comme deux torrents profonds, tombant de rocs escarpés, se mêlant et rugissant dans la plaine ; hérissées et sombres se heurtent avec fracas les armées de Lochlin et d’Inis-Fail. Le chef frappe le chef, le guerrier frappe le guerrier ; l’acier retentissant retentit sur l’acier. Les casques sont fendus ; le sang jaillit et fume à l’entour. Les cordes résonnent sur les arcs polis. Les flèches sifflent dans l’air. Les lances tombent, étincelantes, comme ces cercles de lumière qui dorent la face de la nuit. Semblable à la clameur de l’Océan, quand les vagues roulent soulevées ; semblable au dernier roulement de la foudre dans les cieux, tel est le fracas de la guerre ! Quand les cent bardes de Cormac seraient là pour célébrer la bataille, faible serait la voix des cent bardes pour transmettre à l’avenir la mémoire des morts, car les héros tombaient en foule et le sang des braves s’épanchait à grand flots !

Pleurez, fils des chants, pleurez la mort du noble Sithallin ! Que les soupirs de Fiona s’élèvent sur les plaines solitaires de son cher Arden ! Ils sont tombés, comme deux cerfs du désert, sous la main du puissant Swaran. Au milieu de ses guerriers il rugissait, pareil à l’esprit de la tempête, qui s’assied sur les nuages du nord et se réjouit de la mort du marinier. Ta main ne sommeillait pas à ton côté,