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de ma course ! Placez trois lances à mes côtés ; suivez les bonds de mes coursiers ; que mon âme soit forte dans mes amis, quand la bataille s’assombrira autour des éclairs de mon glaive ! »

Comme se précipite un torrent d’écume des hauteurs sombrement ombragées du Cromla, quand le tonnerre plane dans les cieux, que la nuit ténébreuse enveloppe la moitié de la colline, et qu’à travers les brèches de la tempête apparaissent les faces livides des fantômes ; aussi farouche, aussi vaste, aussi terrible se précipita la foule des enfants d’Érin. Le chef, semblable à une baleine de l’Océan que toutes les vagues poursuivent, versait sa valeur devant lui, comme un torrent qui roule ses eaux puissantes sur le rivage. Les fils de Lochlin entendirent ce bruit, comme la rumeur d’une tempête d’hiver. Swaran frappa son bouclier ; il appela le fils d’Arno. « Quel est ce murmure qui roule sur la colline, semblable au bourdonnement des insectes du soir ? Les fils d’Érin descendent, ou les vents rugissent dans les bois éloignés. Tel est le bruit du Gormal avant que les vagues lèvent leurs têtes blanchissantes. Va, fils d’Arno, monte la colline, examine la brune surface de la bruyère ! »

Il partit ; et vite il revint tout tremblant, ses yeux erraient égarés autour de lui. Son cœur battait avec force contre sa poitrine, ses paroles étaient pénibles, lentes et entrecoupées. Lève-toi, fils de l’Océan, lève-toi, chef des boucliers ! je vois le noir, l’impétueux torrent des combats ; la force profonde et mouvante des enfants d’Érin. Le char de la guerre s’avance, comme la flamme de la mort ! Le char rapide de Cuthullin, le noble fils de Sémo. Le char s’abaisse derrière, comme une vague près d’un rocher ; comme sur la bruyère un brouillard rayé par le soleil. Ses côtés sont incrustés de pierres et étincellent comme la mer autour d’un esquif, la nuit ; le timon est d’if