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bras est fort comme la tempête ! « Le fils de Torman est-il tombé ? s’écria la jeune fille d’une voix désespérée ; est-il tombé sur ses sonores collines, le jeune homme à la poitrine de neige ; le premier à la poursuite des chevreuils ; l’ennemi des étrangers, les fils de l’Océan ? Tu es sombre[1] à mes yeux, Duchomar, ton bras est cruel à Morna ! Donne-moi cette épée, mon ennemi ! j’aime le sang répandu de Câthba ! »

Il céda l’épee à ses larmes, elle la plongea dans sa mâle poitrine ! Il tombe, comme la rive verdoyante d’un torrent de montagne minée par les eaux ; et étendant la main, il parle : « Fille de Cormac au bouclier bleu, tu m’as abattu dans ma jeunesse ! L’épée est froide dans mon sein ; Morna, je la sens froide ! Rends mon corps à Moina la jeune fille : Duchomar était le rêve de ses nuits ; elle élèvera ma tombe ; le chasseur chantera ma gloire : mais retire ce glaive de mon sein, Morna, ce fer est froid ! » Elle vint dans toutes ses larmes, elle tira l’épée de sa poitrine. Il perça son beau flanc ! Sa blonde chevelure est étendue sur la terre ; le sang jaillit en bouillonnant de sa blessure ; son bras blanc en est rougi. Elle se roula dans la mort et les échos de la caverne ont redit ses soupirs !

Paix, dit Culhullin, aux âmes des héros, leurs actions furent grandes dans la guerre ! Qu’ils chevauchent autour de moi sur les nuages ; qu’ils montrent leurs figures guerrières ; alors mon âme sera ferme dans les dangers ; mon bras sera comme la foudre du ciel ! Mais toi, Morna, viens sur un rayon de la lune, viens près de la fenêtre de mon repos ; quand mes pensées seront celles de la paix, et que le hacas des armes ne se fera plus entendre. Assemblez les forces des tribus ! marchons aux guerres d’Érin ! suivez mon char de bataille ! réjouissez-vous du bruit

  1. Elle fait allusion à son nom » l’homme sombre ».