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Morna : » « Morna, ô la plus belle parmi les femmes, charmante fille de Cormac au bras puissant ! Pourquoi es-tu seule dans le cercle de pierres ? dans la caverne du rocher ? Le ruisseau murmure ; l’arbre vieilli gémit au vent ; le lac est troublé devant toi ; sombres sont les nuages du ciel ! Mais tu es la neige sur la bruyère ; ta chevelure est le brouillard du Cromla, quand il flotte sur la colline ou qu’il brille aux rayons du couchant ! Tes seins sont deux rochers polis vus de Branno des ruisseaux ; tes bras deux colonnes blanches dans le palais du grand Fingal. »

D’où viens-tu, répondit la blonde jeune fille, d’où viens-tu, Duchomar, le plus sombre des hommes ? tes sourcils sont noirs et terribles ; rouges sont tes yeux roulants ! Swaran paraît-il sur la mer ? Quelles nouvelles de l’ennemi ? — Je reviens de la colline, ô Morna, de la colline des biches à la peau brune ; j’en ai tué trois avec mon arc tendu ; trois avec mes chiens de chasse élancés et bondissants. Charmante fille de Cormac, je t’aime comme mon âme et, pour toi, j’ai tué un cerf majestueux. Superbe était sa tête à l’épaisse ramure, et ses pieds, légers comme le vent. « Duchomar, répondit la jeune fille, avec calme, je ne t’aime pas, homme farouche ! dur est ton cœur de rocher, sombre est ton front terrible. Mais Câthba, jeune fils de Torman, tu es l’amour de Morna, tu es un rayon de soleil dans les jours de sombre orage ! As-tu vu le fils de Torman, charmant sur la colline de ses biches ? La fille de Cormac attend ici la venue de Câthba. »

« Longtemps attendra Morna, dit Duchomar, Câthba se fera longtemps attendre ! vois ce glaive nu ! Ici coule le sang de Câthba. Longtemps attendra Morna. Il est tombé près du ruisseau de Branno ! J’élèverai sa tombe sur le Cromla, fille de Cormac, au bouclier d’azur. Tourne tes yeux vers Duchomar ; son