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de la bruyère, brillants comme les rayons du soleil avant l’orage, quand le vent d’orient ramasse les nuages, et que les échos de Morven retentissent dans tous ses chênes ! Mais où sont mes amis dans la bataille, ceux qui soutiennent mon bras dans le danger ? Où es-tu, Câthba à la blanche poitrine ? Où est Duchomar, le nuage dans la guerre ? M’as-tu abandonné, ô Fergus, au jour de l’orage ? Fergus, toi le premier à la joie du festin ! fils de Rossa ! bras de la mort, viens-tu de Malmor, léger comme un chevreuil ? Comme un faon, viens-tu de tes collines pleines d’échos ? Salut, fils de Rossa ! âme de la guerre, qu’est-ce qui t’assombrit ?  »

« Quatre pierres[1], répondit le chef, s’élèvent sur la tombe de Câthba. Mes mains ont déposé dans la terre, Duchomar, ce nuage des combats. Câthba, fils de Torman ! tu étais un rayon de soleil dans Érin ; et toi, vaillant Duchomar ! un brouillard du marécageux Lano, quand il s’avance sur les plaines de l’automne portant la mort à des milliers d’hommes ! Morna, la plus belle des filles, paisible est ton sommeil dans la caverne du rocher. Tu es tombée dans les ténèbres, comme une étoile qui file dans le désert, quand le voyageur est seul, et pleure le rayon fugitif. »

« Raconte-nous, dit le fils aux yeux bleus de Sémo, raconte-nous comment sont tombés les chefs d’Érin. Ont-ils péri par les fils de Lochlin, en combattant dans une lutte de héros ? Dis-nous enfin ce qui retient ces puissants guerriers dans l’étroite et sombre demeure ! »

« Câthba, répondit le héros, est tombé sous le fer de Duchomar, près du chêne des torrents. Duchomar vint ensuite à la caverne de Tura ; il parla à la belle

  1. Ceci fait allusion à la manière dont les anciens Écossais ensevelissaient les morts.