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Levez-vous, vents de l’automne, levez-vous, soufflez sur la bruyère ! Rugissez, torrents de la montagne ! Tempêtes, mugissez, dans les forêts de mes chênes ! Marche, ô lune, à travers les nues déchirées, et montre par moments ta face pâle ! Rappelle à mon esprit cette nuit où périrent mes enfants, où tomba le puissant Arindal, où s’éteignit la charmante Daura ! Daura, ma fille, tu étais belle, belle comme la lune sur Fura, blanche comme la neige tombée, douce comme l’haleine de la brise. Arindal, ton arc était fort, ta lance rapide dans la plaine. Ton regard était comme le brouillard sur la vague ; ton bouclier, comme un rouge nuage dans la tempête. Armar, fameux dans la guerre, vint et rechercha l’amour de Daura. Il ne fut pas longtemps repoussé : riantes étaient les espérances de leurs amis !

Érath, fils d’Odgall, frémissait de rage, car son frère avait été tué par Armar. Il vint déguisé en fils de la mer : belle était sa barque sur les vagues ; blanches, les boucles de sa vieillesse ; calme, son front sérieux. « Ô la plus belle des femmes, dit-il, fille charmante d’Armin, non loin d’ici, au milieu de la mer, un rocher, sur ses flancs, porte un arbre dont les fruits vermeils brillent à une grande distance. C’est là qu’Armar attend sa Daura. Je viens, toi, son amour, pour te conduire vers lui. Elle le suivit, elle appela Armar ; mais le fils du rocher[1] répondit seul à sa voix. Armar, mon amour ! mon amour ! pourquoi me tourmenter ainsi ? Entends, fils d’Arnart, entends-moi ; c’est Daura qui t’appelle ! — Érath, le traître, s’enfuit en riant vers la terre. Elle éleva la voix, elle appela son frère et son père. Arindal, Armin, personne pour secourir votre Daura !

Sa voix traversa la mer. Arindal, mon fils, des-

  1. Par « le fils du rocher », le poète veut dire l’écho.