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LES CHANTS DE SELMA.


POÈME.


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Argument.

Apostrophe à l’étoile du soir. Apostrophe à Fingal et à son siècle. Minona chante devant le roi le chant de l’infortunée Colma ; et les bardes donnent, l’un après l’autre, des preuves de leurs talents poétiques, suivant une coutume annuelle établie par les anciens monarques de la Calédonie.

Étoile de la nuit qui descend, belle est ta lumière dans l’Occident ! tu lèves ta tête à la chevelure vierge sur ta nuée, et tes pas sont majestueux sur ta colline ! Que regardes tu dans la plaine ? les vents orageux se sont apaisés, et de loin arrive le murmure du torrent. Les vagues rugissantes escaladent les rochers éloignés. Les insectes du soir voltigent sur leurs faibles ailes et remplissent de leurs bourdonnements le silence de la plaine. Que regardes-tu, belle lumière ? Mais tu souris et tu t’en vas ! Les vagues avec joie viennent autour de toi ; elles baignent ta belle chevelure. Adieu, rayon silencieux ! Et toi, lève-toi, lumière de l’âme d’Ossian !

Et elle se lève dans tout son éclat ! Je vois mes amis morts. Ils se rassemblent sur Lora, comme aux jours des années passées. Fingal s’avance, comme une humide colonne de brouillard ; ses héros sont autour de lui ; et voilà les bardes harmonieux : Ullin aux cheveux gris ! le majestueux Ryno ! Alpin à la voix mélodieuse ! la douce et plaintive Minona ! Que vous êtes changés, ò mes amis, depuis les jours