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cercles de Loda, et la pierre du pouvoir, où les esprits descendent, la nuit, sur de sombres torrents de feu. Là, mêlée au murmure des eaux, s’élevait la voix des vieillards ; ils appelaient les fantômes de la nuit pour les assister dans leur guerre. »

« Sans crainte, je me tenais avec mon peuple dans l’endroit où tombe des rochers le torrent écumant. La lune sortit rouge de la montagne. Mon chant s’élevait de temps en temps. Sombre, sur l’autre rive, le jeune Cathmor entendit ma voix, car il était couché sous un chêne, dans ses armes brillantes. Le jour vient : nous volons au combat : d’aile en aile, roule et s’engage la lutte. Les guerriers tombaient comme la tête des chardons sous les vents de l’automne. »

« Dans son armure s’avança une forme majestueuse. Je combattis contre ce chef. Nos boucliers sont percés tour à tour ; l’acier de nos cottes d’armes résonne ; son casque tombe sur la terre. L’ennemi brilla dans sa beauté ! Ses yeux, deux flammes charmantes, roulaient entre ses cheveux flottants. Je reconnus Cathmor d’Atha et je jetai ma lance sur la terre. Sombres, nous nous séparons, et nous allons en silence, chercher d’autres ennemis.

Ce n’est point ainsi que se séparèrent les rois acharnés. Ils se rencontrèrent dans la bruyante mêlée, comme deux fantômes dans l’aile sombre des vents. Dans le sein l’un de l’autre ils plongent leurs lances ; ils ne sont point cependant étendus sur la terre ! Un rocher les reçoit dans leur chute ; à demi renversés, ils expirent. Chacun tenait la chevelure de son ennemi : chacun semblait encore rouler des yeux farouches. Le torrent du rocher jaillissait sur leurs boucliers et se mêlait avec leur sang,

« Le combat cessa dans I-thorno. La paix rapprocha les deux étrangers ; Cathmor, venu des torrents d’Atha, et Ossian, le roi des harpes. Nous pla-