Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cordes tremblantes. Dans les sons de sa harpe on entendait à moitié le nom du roi d’Atha ; celui qui absent alors, était allé combattre pour le vert pays de Sul-malla. Mais il n’était point absent de son âme ; la nuit il visitait ses pensées ; et Ton-thena, le contemplait du liant des cieux et la voyait agitant ses beaux bras.

Le bruit des coupes cessa. Au milieu de sa longue chevelure, Sul-malla se lève ; les yeux baissés elle nous parle et s’informe de notre course à travers les mers : « Car vous êtes sans doute de la race des rois, ô majestueux chevaucheurs des vagues ? » — « Fille aux yeux bleus des rois, lui répondis-je, il n’est pas inconnu sur ces rivages, le père de notre race ! Cluba a entendu parler de Fingal ! Ossian et Oscar sont connus ailleurs que sur les rives de Cona. À notre voix les ennemis ont tremblé dans les pays lointains. »

Sul-malla a vu, reprit la jeune fille, le bouclier du roi de Morven. Il est suspendu dans le palais de mon père en mémoire du temps où Fingal vint à Cluba dans les jours du passé. Le sanglier de Cul-darnu rugissait au milieu des bois et des rochers. Inis-huna envoya contre lui ses jeunes guerriers ; mais ils succombèrent et les vierges pleurèrent sur leurs tombes. Fingal s’avança sans crainte vers Culdarnu. Sur son épée se brisa la force hérissée des forêts. On dit qu’il était beau dans sa chevelure, le premier des hommes ! À nos fêtes il ne vantait point ses exploits : le souvenir de ses actions s’effaçait de son âme de feu, comme les vapeurs flottantes, de la face du soleil voyageur. Les yeux bleus des vierges de Cluba ne suivaient point avec indifférence ses pas majestueux ; et l’image du roi de Selma se levait pendant la nuit au milieu de leurs pensées. Mais les vents ramenèrent l’étranger à la vallée de ses chevreuils. Comme un météore qui