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CATHLIN DE CLUTHA

feuilles sur la brise. De temps à autre Cathlin, de sa lance renversée, touchait la surface du torrent. Oscar arrive, portant la cotte d’armes de Duth-carmor et son casque surmonté d’une aile d’aigle ; il les dépose devant l’étranger et lui adresse ces paroles : « Les ennemis de ton père sont tombés ; ils reposent dans la vallée des ombres. La renommée, comme un vent qui s’élève, retourne avec nous à Morven. Pourquoi es-tu triste, chef de Clutha ? Quelle est la cause de ta douleur ?

Fils d’Ossian des harpes, mon âme est profondément affligée. Je vois les armes de Cathmol, les armes qu’il portait à la guerre. Prends la cotte d’armes de Cathlin et suspends-la dans la salle de Selma, pour qu’en ton pays lointain, tu puisses te souvenir d’un infortuné ! La cotte d’armes tombe et laisse voir deux seins blancs. C’était la race des rois, la fille aux douces mains de Cathmol, endormi près des torrents de Clutha. Duth-carmor la vit belle dans le palais de son père ; pendant la nuit il vint à Clutha. Cathmol le combattit, mais ce béros succomba. L’ennemi resta trois jours avec la jeune fille, et le quatrième elle s’enfuit déguisée en guerrier. Elle se souvint qu’elle descendait de la race des rois, et sentit son âme éclater de vengeance.

Pourquoi, fille de Toscar de Lutha, te raconterai-je comment mourut Cathlin ? Sa tombe est au milieu des roseaux du Lumon, dans une terre lointaine. Sul-malla y portait ses pas, aux jours de sa tristesse : elle touchait la harpe plaintive et chantait la fille de l’étranger.

Viens, ô Malvina, rayon solitaire qui veilles au milieu de la nuit !