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CATHLIN DE CLUTHA

des nuages. Les brises favorables soufflèrent, pendant quatre jours. Lunion sortit du sein des brumes. Ses cent forêts se balançaient aux vents, les rayons du soleil doraient par intervalles ses flancs brunis, et les torrents écumants lançaient leurs blanches eaux du haut de ses rochers sonores.

Une verte vallée, avec ses bleus ruisseaux, serpente silencieusement dans le sein des collines. C’est là qu’au milieu de l’ondoiement des chênes, s’élevait jadis la demeure des rois. Mais le silence depuis bien des années, est descendu sur la verdoyante Rath-col ; car la race des héros a disparu de cette riante vallée. Duth-carmor, le sombre chevaucheur des vagues, était ici avec son peuple. Ton-thena ayant caché sa tête dans les cieux, il avait plié ses voiles blanches. Il dirigeait sa course, sur les collines de Rath-col, vers la retraite des chevreuils. Nous arrivons. J’envoie un barde, avec ses chants, pour appeler l’ennemi au combat. Duth-carmor l’écouta avec joie. L’âme de ce roi était semblable à un rayon de flamme ; à un rayon de flamme mêlée de fumée, s’élançant à travers le sein de la nuit. Le bras de Duth-carmor était puissant, mais ses actions étaient cruelles.

La nuit vint avec tous ses nuages, et nous nous assîmes près d’un chêne embrasé. À quelque distance était debout Cathlin de Clutha. J’observais les passions inquiètes de l’âme de l’étranger : elles passaient sur son visage comme l’ombre des nuages sur une plaine de verdure. Sa joue était belle sous sa chevelure dont les boucles flottaient sur la brise de Rath-col. Je ne troublai point, par mes paroles, le silence de son âme. J’ordonnai à ma harpe de chanter.

« Oscar de Lego, m’écriai-je, retire-toi cette nuit

    quable dont il est fait mention au septième livre de Temora.