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LA GUERRE DE CAROS

En quels lieux, s’écria le jeune homme, irai-je chercher la gloire pour réjouir l’âme de Lamor ? D’où reviendrai-je triomphant pour que le bruit de mes armes soit agréable à son oreille ? Si je vais à la chasse des chevreuils, mon nom ne sera point entendu. Lamor, joyeux à mon retour de la colline, de ses mains ne caressera point mes chiens. Il ne s’informera point de ses montagnes ou des biches brunes de ses déserts ! »

« Il faut que je tombe, dit Lamor, comme un chêne sans feuilles : il s’élevait sur le rocher ! Il fut renversé par les vents ! Mon ombre, sur mes collines, sera vue pleine de deuil pour mon jeune Hidallan. Brouillards qui montez, ne le cacherez-vous pas de ma vue ? Mon fils, va au palais de Lamor ; les armes de nos aïeux y sont suspendues. Apporte-moi l’épée de Garmallon ; il l’a conquise sur un ennemi ! »

Il part, rapporte l’épée avec sa ceinture incrustée et la donne à son père. Le héros en cheveux blancs de ses mains en toucha la pointe. « Mon fils, conduis-moi à la tombe de Garmallon : elle s’élève près de cet arbre au tremblant feuillage. J’entends siffler la brise entre les herbes longues et flétries qui l’entourent. Une petite source murmure auprès et envoie ses ondes au torrent de Balva. C’est là que je veux me reposer : il est midi et le soleil est sur nos plaines. »

Il le conduisit au tombeau de Garmallon. Lamor perça le flanc de son fils. Ils dorment ensemble : leurs antiques demeures tombent en ruines. Des fantômes s’y montrent à midi : la vallée est silencieuse et les hommes évitent la tombe de Lamor.

« Fils des temps passés ! dit Oscar, triste est ton récit. Mon âme soupire pour Hidallan ; il tomba dans les jours de sa jeunesse. Il vole sur le vent du désert ; il erre sur la terre de l’étranger. Fils de Morven ! approchez-vous des ennemis de Fingal. Passez la