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LA GUERRE DE CAROS

« Le fils de Lamor est-il de retour, ou est-ce le bruit de son fantôme ? Es-tu tombé sur les rives du Carun, fils du vieux Lamor ? Ou si c’est le bruit de les pas que j’entends, où sont les puissants dans la guerre, où sont mes guerriers, Hidallan ? Ils avaient l’habitude de revenir au bruit de leurs boucliers. Sont-ils tombés sur les rives du Carun ? »

« Non, répondit le jeune homme en soupirant, le peuple de Lamor est vivant ; il s’est couvert de gloire dans le combat ; mais, ô mon père, il n’est plus de gloire pour Hidallan ! Seul, il faut m’asseoir sur les bords du Balva, lorsque redouble la clameur des batailles. » — « Mais tes pères jamais, répliqua l’orgueil de Lamor, ne venaient seuls s’asseoir sur les bords du Balva, alors que s’élevait la clameur des batailles ! Ne vois-tu pas cette tombe ? Mes yeux ne l’aperçoivent plus ; là repose le noble Garmallon qui jamais n’a fui du champ des combats ! Viens, me dit-il, toi célèbre dans la guerre, viens à la tombe de ton père. Comment puis-je être célèbre, ô Garmallon ? Mon fils a fui du champ des combats ! »

« Roi du torrent de Balva, dit Hidallan avec un soupir, pourquoi affliges-tu mon âme ? Lamor, je n’ai jamais fui ! Fingal, triste pour Comala, m’a refusé l’honneur de combattre dans ses guerres. Retourne, m’a-t-il dit, aux torrents brumeux de tes plaines ; et consume-toi, comme un chêne sans feuilles que les vents ont courbé sur Balva, pour ne se relever jamais ! »

Et me faut-il entendre, répliqua Lamor, le bruit solitaire des pas d’Hidallan ? Tandis que des milliers de braves se signalent dans les combats, s’inclinera-t-il sur mes torrents brumeux ? Ombre du noble Garmallon ! conduis Lamor à sa dernière demeure ; ses yeux sont obscurcis, son âme est triste, son fils a perdu sa gloire ! »