Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
CALTHON ET COLMAL

J’ordonnai qu’on chantât le chant de la douleur pour adoucir la tristesse du chef ; mais debout sous un arbre, souvent il jetait sa lance à terre. Près de lui, l’œil humide de Colmal roidait dans de secrètes larmes : elle prévoyait la chute de Dunthalmo ou celle du chef belliqueux de Clutha. Maintenant la nuit était au milieu de sa course. Le silence et les ténèbres étaient sur la plaine. Le sommeil reposait sur les yeux des héros, et l’âme de Calthon commençait à se calmer. Ses yeux étaient à demi fermés mais le murmure du Teutha arrivait encore à son oreille. Pâle et montrant ses blessures, vint le fantôme de Colmar : il pencha sa tête sur le héros et élevant sa faible voix : « Le fils de Rathmor dort-il dans sa nuit, quand son frère est tombé ? Ne nous levions-nous pas ensemble pour la chasse ? N’avons-nous pas ensemble poursuivi les chevreuils ? Colmar n’a point été oublié jusqu’au jour de sa chute, jusqu’au jour où la mort a flétri sa jeunesse. Je suis couché, pâle, sous le rocher de Lona. Que Calthon se lève ! l’aube s’avance avec ses rayons et Dunthalmo va profaner la victime.

L’ombre disparut sur la brise, et Calthon vit, en se levant, ses pas qui s’éloignaient. Il s’élance dans le bruit de ses larmes. L’infortunée Colmal se lève et suit son héros à travers la nuit, traînant sa lance derrière elle.

Lorsque Calthon fut arrivé au rocher de Lona, il trouva son frère étendu sur le sol. La rage se lève dans son âme : il se précipite au milieu des ennemis. Les gémissements de la mort montent dans les airs ; mais les rangs ennemis se ferment autour de lui. Au milieu d’eux il est lié et conduit au farouche Dunthalmo. Des cris de joie s’élèvent ; et les collines de la nuit répondent.

À ce bruit je tressaillis et saisis la lance de mon père. Diaran et le jeune Dargo se lèvent à mes côtés. Nous nous aperçûmes de l’absence du chef de