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CALTHON ET COLMAL

conduisit dans les murs d’Alteutha. Ils croissaient dans la maison de leur ennemi, ils bandaient l’arc en sa présence et allaient avec lui combattre dans ses guerres. Ils virent les murs renversés de leurs pères ; ils virent la verte ronce au milieu de leurs palais. Leurs larmes coulèrent en secret et par moments leurs visages étaient tristes. Dunthalmo remarqua leur tristesse et son âme assombrie prémédita leur mort. Il les enferma dans deux cavernes, sur les rives retentissantes du Teutha. Le soleil n’y entrait jamais avec ses rayons, ni la lune du ciel, pendant la nuit. Les fils de Rathmor demeuraient dans les ténèbres et prévoyaient leur mort.

La fille de Dunthalmo, la blonde Colmal aux yeux bleus, pleurait en silence. Son œil s’était secrètement reposé sur Calthon dont la beauté remplissait son âme. Elle tremble pour son guerrier, mais que peut faire Colmal ? Son bras ne pouvait lever la lance et l’épée n’était pas faite pour briller à son côté. Son sein blanc n’avait jamais battu sous une cotte d’armes ; son œil n’était pas la terreur des héros. Que peux-tu faire, ô Colmal, pour le chef qui doit mourir ? Ses pas sont inégaux, ses cheveux en désordre, et ses yeux égarés ne voient plus qu’à travers ses larmes. Elle vint pendant la nuit au palais et couvrit son beau corps d’une armure ; l’armure d’un jeune guerrier qui tomba dans sa première bataille. Elle alla à la caverne de Calthon et délivra ses mains de leurs liens.

« Lève-toi, fils de Rathmor, dit-elle, lève-toi ; la nuit est sombre ! Chef de Clutha, fuyons vers le roi de Selma ! Je suis le fils de Lamgal qui demeurait dans le palais de ton père. J’ai appris ton séjour dans cette sombre caverne et mon âme s’en est indignée. Lève-toi, fils de Rathmor, lève-toi, la nuit est sombre ! » — « Voix bénie, répliqua le chef, du sein des nuages viens-tu vers Calthon ? Les ombres de