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OITHONA

malheur à ceux que rencontre le bras de Dunrommath ! Son œil n’épargne pas le faible ; il se plaît dans le sang des étrangers. Oithona est un rayon de lumière, et le chef de Cuthal en jouit en secret ! Voudrais-tu passer, comme un nuage, entre sa beauté et moi, homme à la main débile ? tu peux venir, mais retourneras-tu au palais de tes pères ? »

« Ne me connais-tu pas, reprit Gaul, chef aux cheveux roux de Cuthal ? Tes pieds furent légers sur la bruyère, à la bataille de Lathmon, quand le glaive du fils de Morni poursuivait ton armée, sur les collines boisées de Morven ! Dunrommath ! tes paroles sont arrogantes, car tes guerriers se rassemblent derrière toi ! Mais je ne les crains pas, fils de l’orgueil ; je ne suis point de la race des faibles !

Gaul s’avance dans ses armes ; Dunrommath se cache derrière ses guerriers. Mais la lance de Gaul perce le chef farouche, et son épée fait voler sa tête au moment où elle se penchait dans la mort. Le fils de Morni la secoua trois fois par les cheveux : les guerriers de Dunrommath s’enfuirent. Les flèches de Morven les poursuivent ; dix tombent sur la mousse des rochers : le reste lève les voiles et bondit sur l’abîme agité.

Gaul s’avança vers la caverne d’Oithona. Il aperçut un jeune homme appuyé contre un rocher. Une flèche avait percé son sein ; son œil roulait languissamment sous son casque. L’âme du fils de Morni fut attristée ; il s’approcha et prononça des paroles de paix.

« La main de Gaul peut-elle te guérir, jeune homme au front souffrant ? Je connais les herbes de la montagne ; je les ai cueillies sur les rives secrètes de leurs torrents. Ma main a fermé la blessure des braves, leurs yeux ont béni le fils de Morni. Où demeuraient tes pères, guerrier ? Étaient-ils de la race