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CARTHON

une faible voix. Le rayon du ciel aime à luire sur la tombe de Carthon ; je le sens tiède autour de moi.

Ô toi qui roules au-dessus de nos têtes, rond comme le bouclier de mes pères, d’où viennent tes rayons, ô soleil, d’où vient la lumière éternelle ? Tu t’avances dans ton auguste beauté, et les étoiles se cachent dans le ciel ; la lune pâle et froide se plonge dans les vagues de l’Occident ; mais toi, tu te meus seul. Qui peut être le compagnon de ta course ? Les chênes des montagnes tombent ; les montagnes elles-mêmes se détruisent avec les années ; l’Océan s’élève et s’abaisse tour à tour ; la lune se perd dans les cieux ; mais tu es à jamais le même, te réjouissant dans l’éclat de ta course ! Lorsque le monde est obscurci par les orages, lorsque le tonnerre roule et que l’éclair vole, dans ta beauté tu parais sur les nues et tu te ris de la tempête ! Mais tu regardes en vain Ossian ; il ne voit plus tes rayons, soit que ta chevelure dorée flotte sur les nuages de l’Orient, soit que tu frémisses aux portes de l’Occident. Mais, comme moi, tu n’es peut-être que pour une saison et tes années auront un terme ; tu t’endormiras dans tes nuages, insensible à la voix du matin. Triomphe donc, ô soleil, dans la force de ta jeunesse ! La vieillesse est sombre et délaissée ; elle ressemble à la tremblante lumière de la lune quand elle brille à travers les nuages brises et que le brouillard est sur les collines : le vent du nord souffle dans la plaine, le voyageur craintif s’arrête au milieu de sa course.


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