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-= ^ LE SYMBOLISME ^ =-

œuvre l'avait ravagé d'enthousiasme et son admira- tion éclate en mainte page, tel le Tsar et les Grands- Ducs où il décrit une des inoubliables représentations deBayreuth. Un jour, chez Judith Gautier, aussi poète, aussi AAagnérienne que lui, il improvisa une sympho- nie sur Jupiter — jamais écrite par la suite — dont Vandante, expression musicale du mythe de Danaé, resta, dans le souvenir de tous ceux qui l'entendirent, une éblouissante révélation. Il renonça à la musique aussi bien qu'à la poésie : ce n'était pas son chemin. Il voulait agir non sur les sentiments ou les sensa- tions, mais sur les idées: aussi s'adonna-t~il presque exclusivement à la nouvelle ou au drame philoso- phique, réalisant ainsi la devise qu'il avait imposée à sa Revue des Lettres et des Arts : « Faire penser. »

Avant de publier cette éphémère revue, Villiers avait donné Elen en i864, puis, en i865, Morgane, drames romantiques encore, mais où les théories d'Hegel se font jour ; dans Elen surtout, dont l'action est moins précise, mais où se dessine vigoureusement ce que les poètes de i83o appelaient la « femme fatale ».

Villiers fit deux voyages en Allemagne, l'un en 1868, l'autre au début de 1870. Il en revint pour faire jouer la Révolte au Vaudeville. Cet acte, lourd dépen- sées, avait le tort immense d'arriver avant l'heure. On était accoutumé aux (( femmes incomprises » qui cherchaient dans l'adultère un être pour les consoler. Paul de Saint-Victor exprima le regret de cette forme