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-= iç^ LE SYMBOLISME ^ — ■ =-

nature qu'on ne sait plus à qui entendre. Il serait criminel d'en rendre responsable le très pur artiste qui fut l'initiateur du mouvement, de même qu'il serait absurde d'accuser Baudelaire des fautes des baudelairiens. Tout le vacarme que des batteurs d'es- trade ont fait à leur profit autour de ces grands noms eût dégoûté l'un autant que l'autre.

L'œuvre de Stéphane Mallarmé demeurera comme une énigme au milieu des luttes littéraires et poli- tiques du xix*^ siècle à son déclin. Encore quelques années, et l'exemple de sa vie aura passé avec les hommes qui eurent l'honneur de l'approcher. Ses poèmes de cristal et de givre, ses pages oii s'affirme la volonté ardente de ne rien écrire que de parfait, resteront un sujet d'étude et d'admiration pour tous les artistes sincères, pour ceux mêmes dont la pensée s'apparente le moins à la sienne.

Pour tous, Stéphane Mallarmé, de professeur de- venu sujet de thèse, apparaîtra comme le tenant d'une idée, fausse pour bien des gens, pour tous ceux qui pensent, avec Théodore de Banville, que l'art d'évo- quer les pensées au moyen des sons, indépendam- ment du sens des vocables, date de ces temps légen- daires, où le roi de Thrace Orphée inventa la musique. Mais ceux-là savent reconnaître la beauté de l'âme et du vers. Peut-être, à ce moment, un poète aura surgi qui fera du symbole un usage nouveau, qui créera un hiératisme de la pensée moderne. Le purisme, le gon-