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-= -5^ LE SYMBOLISME ^

Horizons teintés de cire fondue, N'odorez-vous pas la tiédeur des mains?

Pleurs de la Nuit ! Étoiles moroses ! Votre aile mystique effleure nos fronts, La vie agonise et nous expirons Dans la Mort suave et pâle des Roses ^.

La révélation du crime souleva un tollé général, mais on se corlsola par l'abomination notoire oii se doit tenir le journaliste. On oublia ce méfait. Alors le mal vint de plus près.

En 1890, les dissidences eurent lieu. Le Décadent d'Anatole Baju contenait des parodies des plus véné- rés de l'école. Sous la signature de Mitrophane Crapoussin, Laurent Tailhade s'amusait de tous et de lui-même, avec un talent qui désarmait la colère. Puis la cohorte des imitateurs se donna carrière à la faveur des polémiques. Comme on est aujourd'hui cubiste afin d'ignorer le dessin (je parle des imitateurs), on (( fit )) du Mallarmé pour masquer à la fois le manque d'idées et de grammaire. On imita de même Jules Laforgue et Gustave Kahn, chacun suivant ses moyens et ses visées littéraires. Ce qui avait été conception d'art devint bête comme la vogue. Ce fut le règne des esthètes. On eut des « états d'âme » compliqués, on se mourut de délicatesse, on chercha dans les vieux lexiques les termes les plus désuets et le discer-

I. Les Déliquescences d'Adoré Floupette. Vanier, i885.