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■iç^ LE SYiMBOLISME <^-

Mais langoureusement longe Comme de blanc linge ôté Tel fugace oiseau se plonge

Exultatrice à côté Dans l'onde toi devenue Ta jubilation nue.

Le don précieux de l'analogie, sans lequel il n'est point d'images, se tourne ici contre le poète. Il oublie que, presque autant que les perles, le fil est utile au collier ; il l'omet volontairement, il se refuse aux explications, aux transitions et, du coup, rejoint quel- quefois la redoutable périphrase des classiques les plus funestes. Il est certain qu'avec de l'imagination, on peut reconnaître l'orange dans « l'emblème de ce désir qui nous fait trouver un goût délicieux à toute clarté )). Tant d'effort n'amène-t-il pas à une sorte de charade ? Mallarmé le dit nettement à Edmond de Goncourt, qui le cite dans son Journal de 1898 : (( Un poème est un mystère dont le lecteur doit cher- cher la clef. » Il dit par ailleurs : (( Le livre, c'est la parole sous la figure du silence. »

Plus il avance dans sa carrière, et plus cet incor- ruptible se renferme dans sa manière. Muré dans sa solitude, il pousse jusqu'au système sa conception du poème abstrait. Il supprime même la ponctuation qui donnerait quelque lumière dans sa poésie. Il ne veut devoir qu'à la musicalité de sa phrase poétique

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