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LE SYMBOLISME

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dente ! Certes Leconte de Liste devait trouver en ce jeune homme un disciple bien surprenant. Mais quel barbare aurait le cœur de résister à la molle douceur de tant de syllabes liquides montant comme un brouil- lard d'automne pour redescendre aux quatre mots : (( la lune qui pleure » avec la linq^idité d'un croissant étroit miré dans un lac?

L'idéal constant du poète fut de renoncer à tout ce qui rappelle le tableau de genre, l'anecdote, aussi bien que le tableau d'histoire. Lui aussi tient à (.( prendre l'éloquence et tordre son cou ». La crainte de tomber dans les vaines histoires éternellement res- sassées le pousse à lexcès opposé. Romantique en cela, il ne cherche point l'abstraction où elle est — je veux dire dans l'idée philosophique — mais dans soi-même. 11 croit la rencontrer dans la velléité, dans l'action possible, mais non réalisée. U Après-Midi d'an Faune n'est pas autre chose qu'un rêve de désir lon- guement raconté :

Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m'attends ! Moi, de ina rumeur fier, je vais parler longtemps Des déesses, et par d'idolâtres peintures A leur ombre enlever encore des ceintures ; Ainsi, quand des raisins j'ai sucé la clarté, Pour bannir un regret par ma feinte écarté, Rieur, j'élève au ciel d'été la grappe vide Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide D'ivresse, jusqu'au soir je regarde au travers.