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-= M^ LE SYMBOLISME ^ -

dans une rêverie hermétique et voulue. N'est-ce pas lui qui a écrit :

S'il est vrai qu'au Jardin sacré des Ecritures Le Fils de l'Homme ait dit ce qu'on a rapporté ; Muet, aveugle et sourd au cri des créatures, Si Dieu nous rejeta comme un monde avorté, Le Juste opposera le dédain à l'absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité ^ .

Et encore :

Gémir, prier, pleurer est également lâche : Accomplis jusqu'au bout la longue et lourde tâche Dans ce monde où le sort a voulu t'appeler, Puis après, comme lui, souffre et meurs sans parler 2.

De tous, les romantiques, Vigny est le seul qui, par complexion aussi bien que par halDitude militaire, ait conservé ce mutisme fier, qui se soit enfermé dans cette (( tour d'ivoire » dont on a repris l'expression pour Mallarmé et qui a servi par la suite à bien des poètes de moindre envergure.

Les Fenêtres nous montrent Stéphane Mallarmé Parnassien encore, mais plein d'un dégoût à la Bau- delaire pour tout ce que la vie montre de prosaïque et l'on peut rapprocher du Voyage ces vers :

1. A. DE Vigny, Le Jardin des Oliviers. Poésies. Delagrave, éditeur,

2, Id., La Mort du Loup.